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Blanchiment : le chaînon manquant entre financiers et trafiquants arrêté
LE MONDE | 02.01.2013Par Yves Bordenave
Aux dires des policiers qui l'ont traqué pendant plusieurs mois dans le cadre d'une opération "d'importation de stupéfiants et de blanchiment en bande organisée"ouverte le 13 avril 2012 à Nanterre et baptisée "Virus", Simon Pérez serait l'un des hommes-orchestres d'un groupe qui agirait au Maroc et en France, en passant par la Suisse.
Ami d'enfance de Meyer El-Maleh, 48 ans, un gestionnaire de fortune installé à Genève et incarcéré depuis octobre 2012, cet homme de 47 ans est suspecté d'être l'une des pièces maîtresses de cette organisation démantelée il y a deux mois et demi par les polices française et suisse. Selon les enquêteurs, il aurait, en quelques années, amassé un butin de plusieurs millions d'euros.
Ce groupe serait notamment composé d'équipes de trafiquants de cannabis installées en région parisienne, dont l'un des chefs serait Sofiane Nedjam, et d'une fratrie franco-marocaine dispersée entre Paris, Genève et Casablanca, composée de Meyer, Mardoché, Freha et Nessim El-Maleh, tous désormais sous les verrous.
L'HOMME QUI FAISAIT LE LIEN
Mise au jour à la mi-octobre 2012, l'affaire a fait grand bruit. Le démantèlement de ce réseau a permis aux enquêteurs d'interpeller des notables parisiens qui tentaient d'échapper au fisc en dissimulant des fortunes sur des comptes en Suisse.
Une élue verte du 13e arrondissement, un avocat d'affaires, un marchand d'art ou encore un entrepreneur, tous demeurant à Paris, figuraient parmi cet aréopage de fraudeurs suspectés. Ils ont tous été mis en examen pour "blanchiment en bande organisée" et placés sous contrôle judiciaire (Le Monde du 26 octobre 2012).
Les enquêteurs de l'Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS) et de l'Office central pour la répression contre la grande délinquance financière en ont la conviction : Simon Pérez est l'homme qui faisait le lien entre les trafiquants de drogue marocains et les frères El-Maleh, instigateurs d'un système de blanchiment particulièrement ingénieux.
Selon une source policière, "il était en contact avec les exportateurs marocains des produits stupéfiants". Ainsi, dans une conversation téléphonique interceptée en septembre par les hommes de l'OCRTIS et dont Le Monde a pris connaissance, Simon Pérez recommande à Mardoché El-Maleh de se tenir prêt :"On redémarre là, tu comprends ? Le temps de ramasser. Parce que quand la machine tourne, c'est facile."
FAUSSES FACTURES
A Paris, des collecteurs de fonds en relation avec les vendeurs de drogue remettaient des sommes en liquide à Mardoché El-Maleh, lequel les livrait ensuite aux notables détenteurs de comptes dans des banques suisses.
Moyennant commissions et souvent sous couvert de fausses factures, ces comptes étaient débités d'un montant équivalent aux remises de cash à travers une nébuleuse de sociétés gérées par Meyer El-Maleh, localisées dans des paradis fiscaux, notamment aux Bahamas et au Panama, mais aussi en Suisse, en France, en Grande-Bretagne, aux Emirats arabes unis, en Espagne, en Israëlet aux Etats-Unis.
Dans une note de synthèse datée de septembre 2012 et destinée au juge, les enquêteurs assurent que l'une de ces sociétés basées à Londres, Yewdale Ltd, présente "toutes les caractéristiques de la coquille vide destinée à faire écran aux véritables investisseurs, à servir de chambre de compensation pour plusieurs structures offshore détenues par les mêmes individus".
É COUTES TÉLÉPHONIQUES
Plusieurs mois de filatures et d'écoutes téléphoniques ont permis aux policiers decomprendre les rouages de cette entreprise criminelle et de discerner le rôle des différents suspects. Au fil des écoutes, il apparaît que Meyer El-Maleh et Simon Pérez ont parfaitement conscience des risques qu'ils encourent lors des transactions illicites.
Ainsi, en août 2012, lors d'un échange avec Meyer, qui l'interroge sur un problème de comptabilité, Simon Pérez a cette réplique : "Toi encore, tu peux noter. Moi, je ne peux pas noter. C'est dangereux ici, tu le sais très bien ! Moi, dès que tu confirmes, je déchire."
A quoi servait tout cet argent, une fois sorti des lessiveuses du blanchiment ? Selon une source proche du dossier, il a pu être investi dans de grosses opérations immobilières en Afrique du Nord, notamment au Maroc et ailleurs auMoyen-Orient, dans des pays pas trop regardants sur l'origine des fonds dont ils ont parfois besoin.
Yves Bordenave.
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Le National Émancipé: 10/16/12
Trafic de drogue Maroc-Suisse : Le rôle des trois frères Elmaleh
Mais que voulait bien bien vouloir faire la conseillère municipale de Paris avec autant d'argent liquide en France.Si elle voulait acheter une maison à MARAKECH il lui suffisait de "traiter" directement là-bas.
Elle avait besoin d'argent pour la France. Pourquoi?
Rédigé par : Pierre - Question essentielle - | 06 janvier 2013 à 20:03
Mais qu'est devenue cette affaire ?
Rédigé par : Christiane | 05 novembre 2014 à 14:43
Sans suite à part un accord amiable de redressement fiscal.
Rédigé par : Pierre Beyries CNID32 | 27 mars 2015 à 18:48