Dépénalisation du cannabis : pourquoi Madrid est revenu en arrièrePar Jean-Marc Leclerc
Publié le 04/12/2013 à 18:22

DÉCRYPTAGE - Les Espagnols peuvent toujours fumer chez eux et même y faire pousser des graines pour leur consommation personnelle, mais plus dans les espaces publics.
Dépénaliser le cannabis ou, à tout le moins, en tolérer l'usage? Ce serpent de mer ressurgit à chaque fois que le gauche revient aux affaires. Avec, chez les tenants des solutions les plus libérales, une étrange amnésie qui, pour parodier la garde des Sceaux, «confinerait à la lâcheté». C'est que l'Espagne, toute proche, a déjà donné en matière de légalisation des «drogues douces». L'Espagne socialiste des années quatre-vingt, emmenée alors par le premier ministre Felipe Gonzalez. Avec des conséquences tellement désastreuses que les mêmes socialistes espagnols ont été contraints de faire machine arrière toute, dix ans plus tard.
Que s'est-il passé? Le 23 juin 1983, le gouvernement Gonzalez dépénalise la consommation de drogue à titre individuel. Une décision qui s'inscrit dans un mouvement général d'affirmation des libertés. Cette politique repose sur un pari audacieux: la libéralisation de la consommation doit en principe casser le trafic, mettre fin à la mainmise des mafias, et rationaliser les comportements des fumeurs du fait même de la disparition de l'interdit.
L'explosion de la consommation est immédiate et finit par prendre de telles proportions que Madrid et Barcelone sont sur le point de détrôner Amsterdam comme capitales du «joint». Le constat est amer pour les idéalistes: plus on inonde la jeunesse de drogue, plus elle en consomme. Une loi invariable qui fait le jeu d'organisations criminelles devenues si puissantes en Espagne que plusieurs membres de la Guardia Civil ont dû être poursuivis et condamnées pour complicité. Un ancien préfet fut même arrêté en raison de ses liens présumés avec des narcotrafiquants.
Plus grave encore: ce climat délétère a contribué à la banalisation des stupéfiants, favorisant le passage des «drogues douces» aux «drogues dures». En dix ans, les morts par surdose en Espagne ont quasiment décuplé, passant de 93 décès en 1983 à plus de 800 en 1992. Sans parler des contaminations par le VIH.
Le 21 février 1992, l'Espagne arrête les frais et adopte la loi Corcuera. Elle ne pénalise pas formellement l'usage de cannabis, mais sanctionne comme «infraction grave» tant la consommation de drogue dans les lieux publics que le simple fait d'en détenir «même si elle n'est pas destinée au trafic». En Espagne, on peut donc fumer chez soi et même y faire pousser des graines pour sa consommation, mais pas dans la rue. Les sanctions prévoient des amendes, voire la suppression temporaire du permis de conduire pour le contrevenant.
Le combat contre la drogue ne peut se nourrir d'idéologie. L'Espagne des années 1980 s'était ainsi rendu compte qu'en supprimant toute menace de sanction à la consommation, elle s'était privée d'un moyen efficace pour obliger le toxicomane à suivre un traitement. Paris devrait s'en souvenir.
Exclusif : le fils de Valérie Trierweiler a été arrêté par les forces de police pour avoir consommé de la drogue sur la voie publique. L’info, révélée par Staragora, n’a été reprise par aucun journaliste français. Deux poids deux mesures ? Cette affaire soulève aussi l’ambiguïté des liens entre la gauche française et la consommation de drogue.
C’est à la sortie de son luxueux lycée (Claude Bernard, l’un des plus réputés de la capitale) du 16e arrondissement de Paris (François Hollande n’aime pas les riches, mais il se met en couple avec une sacrée bourgeoise !) que le fils de Valérie Trierweiler, s’est fait attraper par des policiers, en train de fumer de la drogue.
Quand on voit les déclarations et propositions irresponsables de la gauche française quant à la consommation de drogues censées être « douces », on imagine que le beau papa du jeune homme, François Hollande, aura surement trouvé le comportement de l’ado cool et branché. Démagogie à tous les niveaux ?
Si Hollande est encore flou sur ce sujet (comme sur tant d’autres…), le progressisme socialiste considère la dépénalisation des drogues dites douces comme une belle évolution. Les Verts en veulent Mélenchon aussi, le PS cédera.
Valérie Trierweiler, une caricature de grosse bourgeoise post soixante-huitarde qui sacrifie l’éducation de son enfant à l’ascension de sa carrière ? Au point de se mettre en couple avec un présidentiable ? Du coup, le jeune, paumé, fume des pétards devant son lycée, comme un appel au secours. On voit bien que la question des valeurs se pose plus que jamais. Dans leur vie privée comme dans leurs propositions politiques, les socialistes prouvent quotidiennement (DSK…) leur nihilisme et leur rejet de toute « valeur », notion fasciste et liberticide.
Interdisez d’interdire, jouissez sans entrave, mais ne vous étonnez pas de retrouver vos enfants drogués au poste de police.
Au delà de la question des valeurs, c’est surtout celle du traitement médiatique qui interpelle ici. L’affaire aurait pu causer du tort à Hollande, aucun journaliste ne l’a même évoquée.
Le fils de Nicolas Sarkozy envoie une tomate sur un policière et l’ensemble des médias français relayent l’information. Une question sur le sujet est même posée au président de la république dans l’émission de Michel Denisot, le Grand Journal.
Le beau fils du candidat socialise passe des heures au commissariat pour détention et consommation de drogue devant un établissement scolaire et rien (même sur le web, personne n’aborde le sujet). Pas un article, une dépêche ou un minimum d’information ne sort. Des médias muselés ?
Qu’on ne vienne pas dire que Valérie Trierweiler n’est pas en campagne et que sa vie ne concerne pas la presse : elle s’est bien rendue aux funérailles officielles des soldats français assassinés par Mohamed Merah comme compagne de Hollande. Elle devrait assumer les responsabilité de son nouveau statut. Et les journalistes devraient faire leur travail consciencieusement et pas en fonction de leur admiration pour François Hollande.
Deux poids deux mesures à ce point là, ce n’est pas du journalisme mais de la propagande !!!
Rédigé par : Pierre | 07 décembre 2013 à 20:47
Pierre, vous semblez en vouloir aux médias de ne pas avoir assez médiatisé "l'affaire" cannabis du fils de Mme Trierweiler. Contrairement au fils de N. Sarkozy.
Vous semblez également croire que la consommation de cannabis est réservée aux gens de gauche, bobo, écolo post 68 etc etc. Je comprends mal pourquoi vous prenez la "défense" des Sarkozy sachant que Carla Bruni la femme de l'ancien président a publiquement avoué fumer du cannabis régulièrement!! Elle en a fait l'apologie et pas le fils de Mme Treierweiler! Dans ce cas votre réaction est bien deux poids deux mesures vous devriez haïr aussi bien les Hollande-Treirweiler que les Bruni-Sarkozy! ce n'est pourtant un secret pour personnes des millions de Français consomment du cannabis qu'ils soient de gauche ou de droite, riche ou pauvre, homme ou femme. Nous sommes en 2013 Pierre et pas en 1970... En France plus de 150 000 personnes par an sont arrêtés pour possession de cannabis.
Rédigé par : Joey | 09 décembre 2013 à 14:23