
L'UMP se mobilise contre les salles de shoot
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- Par Paule Gonzales
- Mis à jour le 01/04/2015 à 10:23
- Publié le 31/03/2015 à 19:43
Le projet de loi Santé défendu par Marisol Touraine prévoit la généralisation des expérimentations en la matière.
«Les salles de shoot1, ce sont des salles de mort.» Sauvés par l'association Espoir du Val-d'Oise, les trois anciens toxicomanes ont les larmes aux yeux. Et ils font visiblement un effort énorme pour surmonter leur émotivité et exprimer devant la presse, à l'Assemblée nationale, leur opposition à l'instauration des salles de shoot à l'occasion de la loi santé défendue par Marisol Touraine2. «J'y suis allée à Genève, dans les salles de shoot, raconte Zoé, et puis j'en suis repartie, car nous sommes fichés, il faut répondre à des questions, voir un psychologue. Un toxicomane veut consommer dès qu'il achète. Il préférera faire 10 mètres et se piquer dans des toilettes publiques plutôt que faire 200 mètres et devoir en plus parler à un psy.» «De plus, souligne Emmanuel, une salle de shoot qui fait les 35 heures, ça n'a pas de sens. Un toxicomane l'est 24 heures sur 24. Et puis autour, cela va devenir une telle zone que les riverains ne supporteront plus, et ces salles finiront entre la décharge publique et le camp de Roms.»
«Dans une salle de shoot, on monte les doses, pour avoir un effet plus fort et parce qu'il y a un médecin à côté, alors on ne risque pas une overdose»
Yann
«Dans une salle de shoot, on monte les doses, pour avoir un effet plus fort et parce qu'il y a un médecin à côté, alors on ne risque pas une overdose», souligne Yann, écœuré par le coût programmé des salles de shoot, pas moins de 1,2 à 1,5 million d'euros par an et par salle. «Avec une somme pareille, une association comme la nôtre vit quatre ans. 80 % de ceux qui y sont passés n'ont jamais rechuté. Mais bien sûr, cela n'intéresse pas, car une personne qui guérit, c'est un patient perdu pour l'industrie pharmaceutique, qui propose les produits de substitution, et même pour son addictologue, qu'il finira par ne pas revoir.» Tous trois ont fini, après quinze ans de toxicomanie, par faire le choix du sevrage intégral. Celui qui correspond à la politique française de réduction de risque fondée sur la prévention mais aussi la répression, comme le fait remarquer Me Jeanson. C'est lui qui, une première fois en 2013, a fait échouer le projet devant le Conseil d'État.3 Il rappelle au passage que les facilitateurs sont punis plus sévèrement que les consommateurs. Mardi, Yannick Moreau, député de Vendée, à l'origine d'une pétition ayant réuni 105 députés hostiles aux salles de shoot, tentait une ultime prise de conscience sur le sujet, entouré de plusieurs députés: «Il faut investir sur la prévention et la guérison plutôt que dans l'accompagnement des toxicomanes dans l'enfer de la drogue», martèle-t-il. Pierre Lellouche n'a pas manqué, lui, de lever la contradiction gouvernementale qui consiste à «vouloir réactiver la loi Évin sur l'alcool et interdire le tabac, mais installer l'État dans le rôle de dealer au lieu de celui de thérapeute et de gardien de la sécurité publique». Quant à Nicolas Dhuicq, psychiatre de profession et député de l'Aube, il rappelle que «le toxicomane joue un jeu terrible avec la mort». Une mort qui, selon Philippe Goujon, député de Paris, a reculé en France, «puisque les décès par overdose ont été divisés par 5 et que la prévalence à l'héroïne en Suisse est trois fois supérieure à la nôtre. Pourquoi rompre l'équilibre?»
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